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Nice, 14 juillet 2016

Nice, 14 juillet 2016

 

Deux, trois, choses que je voudrais vous dire…..

 

Après Charlie, en janvier 2015, j’avais souhaité écrire ceci http://pierre.keliam.over-blog.com/2015/01/le-mecanisme-de-l-agression.html.

 

Ce funeste vendredi 13 novembre 2015, n’appelait pas à modifier ce que j’avais écrit dans ce texte.

 

Par ailleurs, les réponses sécuritaires de préventions et de renseignement, semblaient les seules solutions possibles. Seul restait à discuter du curseur, du degré de sécurité et de liberté que nous voulions conserver.

 

Mais voilà, à Nice, un modus operandi terrifiant : pas d‘arme à feu (une seule, dont l’obtention n’était sans doute pas traçable), et un camion de 28 tonnes comme il y en a des centaines de milliers en France. Un homme seul.

 

Il faut être très prudent pour parler de ce drame absolu, mais ce que je veux dire ici est très théorique, déconnecté presque, néanmoins j’emploierai le conditionnel.

 

Ce 16 juillet 2016 - 16h00 Daesh, après deux jours de silence, vient de revendiquer l’attentat.

Ce long silence, pourrait laisser penser, que vu le peu de soutien qu’ils avaient a apporté : pas de matériel, pas de synchronisation, pas de réseau, pas de logistique…. Rien. Et vu le profil violent et athée du tueur, il pourrait même s’agir d’une récupération à postériori, destiné à récupérer de la terreur à bon compte et à épuiser la France dans la recherche de solutions impossibles, sur un leurre.

 

Même, si il y avait eu réellement contact, il semble évident que le rôle de Daesh dans un tel scénario, pourrait ne pas avoir été une conversion fanatisante mais, uniquement, le fait d’amener un tueur de masse potentiel à passer à l’acte en le conseillant sur le lieu et la date pour un impact maximum. Le conforter et le guider.

 

Au-delà de l’horreur absolue dont nous portons tous la peine et le deuil, avec ou sans Daesh, cette tuerie par un homme indétectable effraie pour deux raisons :

 

  • Aucun des moyens mis en œuvre dans les mesures sécuritaires, ne permet la prévention de tels actes. Et nous n’avons aucune idée du nombre de fous de toutes natures actuellement en liberté.

 

  • Quand on y réfléchit, notre pays offre des centaines de possibilités de perpétrer des attentats tout aussi terrifiants.

 

Et c’est cela qui est pétrifiant

 

Et pourtant… la première chose dont nous devons nous rappeler, c’est que justement l’infinité de moyen pour tuer existe depuis tout temps de manière constante. Si ce genre d’acte est si exceptionnel, c’est uniquement que nous sommes inhibés contre cette folie.

Pour savoir comment le rester, il y a un exemple connu très frappant : on met souvent en cause la vente d’arme aux Etats-Unis, comme cause des tueries de masse, et bien sûr, elles sont responsables de la terrible efficacité de ces actes, mais il y a autant d’armes en circulation au Canada…

La différence dans les tensions communautaires dans ces deux nations est la principale explication de la différence du nombre de ces actes.

 

L’autre problème reste la détection/prévention ; Avec ou sans Daesh, la brièveté de l’échange nécessaire à la coordination d’acte isolés de ce type rend illusoire toute action de renseignement. Que ce contact est existé ou non, Daesh étant « joignable », il aurait suffi de 5 à 20 échanges pour « conseiller » une action déjà souhaité par le tueur.

 

Pour proposer une solution viable, je vais me permettre partant des éléments connus d’esquisser un personnage fictif, qui serait un homme instable, violent avec sa femme et dans ses rapports aux autres, contraint à l’éloignement, se sentant humilié, frustré. Il se met à détester la société.

Cet homme ne connait qu’un moment où il se sent puissant, c’est quand, dominant la route de 2 m, assis au volant de son 28 T.

Là, il est surpuissant et imagine des scénarios où il dépasse dans l’horreur tout ce qui s’est fait avant lui.

 

Un tel homme est effectivement indétectable…. Sauf que l’on ne passe pas (ou rarement) du stade de lambda à tueur de masse sans des actes qui passent par la garde à vue.

Et de ce que l’on connait ce serait effectivement ce qui se serait passé.

 

C’est bien là que réside le seul moyen d’agir. Depuis trop longtemps le couple police/justice traite des cas de psychiatrie par la prison et la sanction.

Le seul moyen de détecter ce genre de profils, (j’emploie le pluriel, parce que si dans l’horreur cet acte est unique, les voitures qui foncent dans les passants, les meurtres collectifs existent bel et bien en France) le seul moyen donc, serait de pouvoir imposer en garde à vue à toute personne présentant des caractéristiques de violence irrépressible, des évaluations psychologiques.

 

Cela sous-entend bien-sûr d’avoir ensuite deux circuits possibles et complémentaires, et bien sur des capacités d’internement, volontaire ou sous contrôle judiciaire, et dans tous les cas des centres de suivi médicaux.

 

Bien sûr, ces moyens existent déjà, ça s’appelle le control judiciaire, mais le circuit psychiatrique dans le modèle actuel est absolument inexistant en correctionnel. L’obligation de soin n’oriente vers aucune structure. On demande juste une attestation de rendez-vous à présenter à l’audience.

Et surtout, les tests en garde à vue n’existent pas, alors que c’est le seul endroit ou la détection, y compris des islamistes, ou des personnes se radicalisant, ou de toute autre déviance, pourrait-être faite de manière systématique.

 

L’introduction d’un circuit psychiatrique, est la seule mesure qui donnerait au moins une chance d’évaluer la dangerosité d’individus en phase de passage à l’acte.

Ce qui n’interdit aucune mesure pour sécuriser les sites de rassemblement contre cette nouvelle menace, ni pour protéger.

 

PK

 

 

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